mardi 15 mai 2012

COULEUR



dessin d'enfant


Un enfant basané regarde une poupée blanche aux yeux bleus et une autre de couleur marron  aux yeux noirs. Une voix féminine lui pose la question:"quelle est la plus belle poupée?"La réponse fuse avec le doigt en direction de celle aux yeux bleus. Une dizaine d'autres enfants du même âge sont interpellés ensuite avec des questions comme::" Laquelle est vilaine? Gentille? Méchante? Laquelle te plaît le plus?"A part l'une ou l'autre exception, les réponses vont dans le même sens, déjà indiqué plus haut.L'Institut méxicain de prévention de la discrimination (CONAPRED) a réalisé cette enquête avec l'autorisation des parents. Il  veut démontrer que la discrimination est un phénomène social qui se répand culturellement et qui affecte la société et les personnes dès leur plus jeune âge.
 J'ai été surpris par le résultat de cette enquête.Que peuvent signifier ces réponses pour l'avenir de ces enfants, pour nous, pour notre monde riche de diversités? La sincérité des enfants est remarquable et la pédagogie des questions certaine. Je ne veux stigmatiser personne mais essayer de comprendre. Ces réponses expriment une situation de fait, Elle interpelle quiconque accepte le principe élémentaire, mis en valeur par la foi chrétienne, de l'égalité de valeur et de dignité de chacune et chacun.

Représentatif

. Nous pourrions objecter et parler de généralisation hâtive, dire que ces réponses enfantines concernent  seulement des poupées et valent pour un seul pays. Dans ce cas, se serait un moindre danger et un moindre mal. J'ai peur que cela soit une façon de fermer les yeux pour ne pas voir le problème. Des expériences de voyages et d'activités sur plusieurs continents me font penser, au contraire, que ces jeunes sont  représentatifs de notre humanité. Nous avons peur des différences, qu'elles soient d'ordre épidermique, comme c'est le cas ici, ou physiologique, culturel, religieux... et la liste est loin d'être épuisée. Aussi longtemps que nous n'avouerons  pas cette peur,( et que nous la verrons seulement chez l'autre!), nous en serons les victimes et....nous ferons des victimes.
Les conséquences de cette peur peuvent être bénignes et humoristiques, comme dans l'exemple suivant qui me vient à la mémoire. Une petite fille de quatre ans est invitée par ses parents à tendre la main à un visiteur d'Afrique centrale venu en Suisse. Elle se réfugie d'abord derrière les jupes de sa maman.Finalement,elle s'exécute, craintive, et tend la main. Aussitôt après, elle regarde, alternativement, la paume de sa main et le visage du visiteur: couleur Inchangée!! Dans cette anecdote, la crainte enfantine d'une altération épidermique de la main s'est révélée une occasion unique pour découvrir,  dès le plus jeune âge, qu'une  différence d'apparence peut signifier autre chose qu'un danger!!!!
  Moins drôle, par contre,   les pierres envoyées contre mon véhicule quand je traversais une ville du nord de l'Ethiopie. Des enfants mettaient à profit leur habilité de petits bergers, devant des passants apparemment indifférents à leurs gestes, pour viser la voiture en criant "Foreigis, foreignis" "Étranger! Étranger!" Les adultes sont encore restés spectateurs passifs lorsque j'ai arrêté le véhicule pour m'adresser aux enfants qui s'enfuyaient! Dans cette région qui a subi d'innombrables tentatives d'invasions au cours des siècles, l'étranger est identifié à l'ennemi et à une menace de déstabilisation.La thèse de l'Institut citée au début semble se vérifier ici: la discrimination est aussi véhiculée par la société ambiante.
.Nous pouvons choisir d'accepter ces préjugés, de les propager ou de nous en libérer.Pour l'illustrer, je cite de mémoire un incident survenu, il y a quelques années, dans un avion de ligne qui se préparait à décoller pour survoler les États-Unis. Une dame d'origine européenne appelle l'hôtesse de l'air et lui dit en regardant son voisin afro-américain: "je ne peux pas voyager à côté de ce Monsieur." Le voisin, normalement assis, ne dit rien. L'hôtesse répond:" tous les sièges de la classe économique sont déjà occupés. Je vais parler avec le capitaine pour voir ce que je peux faire." Quelques instants plus tard, elle revient en disant: "j'ai trouvé un siège libre en première classe." La dame, ravie s'apprête à se lever quand l'hôtesse de l'air précise en se tournant vers son voisin: "Veuillez me suivre, Monsieur". L'hôtesse de l'air fut récompensée par sa compagnie pour la créativité dont elle avait fait preuve!









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